Elle s'est longtemps excusée d'exister
Elle s’est longtemps excusée d’être là, de respirer, de prendre de la place.
Dès son plus jeune âge, elle avait compris que son existence devait être douce, discrète, en arrière-plan.
Alors, elle s’est appliquée à ne jamais faire trop de bruit, à ne jamais trop déranger, à toujours se fondre dans le décor.
Elle s’excusait sans cesse.
Pour ses mots, pour ses silences.
Pour ses rires trop forts, pour ses larmes qu’elle ne savait pas retenir.
Pour ses rêves trop grands, pour ses peurs trop intimes.
Elle s’excusait de ressentir si intensément.
Elle pensait qu’il fallait se plier pour être aimée.
Se conformer pour être acceptée.
Alors, elle a courbé l’échine.
Elle a comprimé son feu intérieur jusqu’à le réduire en une braise à peine visible.
Elle a refoulé ses colères et ses passions, pour ne pas déranger, pour ne pas effrayer.
Elle a porté des masques, des costumes taillés par les attentes des autres.
Elle a appris à jouer le rôle de la fille sage, de la femme docile, de l’amie qui écoute plus qu’elle ne parle.
Elle s’est glissée dans des cases qui ne lui ressemblaient pas, persuadée que c’était le prix à payer pour appartenir.
Mais à force de s’excuser d’être ce qu’elle était, elle a fini par oublier qui elle était vraiment.
Elle s’est perdue dans les reflets déformés des miroirs tendus par les autres.
Elle s’est éteinte à petit feu, se demandant pourquoi elle se sentait toujours à côté de sa propre vie.
Jusqu’au jour où elle a compris.
Elle a compris qu’elle s’excusait de respirer alors qu’elle avait le droit d’exister pleinement.
Elle a compris qu’elle s’effaçait pour ne pas déranger alors que sa place lui revenait de droit.
Elle a compris qu’elle ne serait jamais assez pour ceux qui ne savaient pas la voir.
Alors, elle a décidé d’arrêter.
D’arrêter de s’excuser pour ce qu’elle ressentait.
D’arrêter de s’effacer pour que les autres brillent plus fort.
D’arrêter de minimiser ses réussites, ses rêves, ses envies.
Elle a repris son souffle, relevé la tête, redressé les épaules.
Elle a laissé son feu intérieur reprendre vie, éclairer ses yeux, réchauffer son cœur.
Elle a appris à s’aimer, à s’écouter, à se choisir.
Elle a compris qu’elle n’avait pas à demander la permission d’être elle-même.
Qu’elle n’avait pas à s’excuser de son intensité, de son audace, de sa lumière.
Alors, elle a pris sa place, sans compromis, sans s’excuser, sans s’effacer.
Et ce jour-là, elle a enfin commencé à vivre.
Entièrement.
Librement.
Intensément.
Chris
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